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lundi 24 novembre 2014

Les sébiles par thèmes














 LE GOBELET


 LE CHAPEAU 

 LE CHAPEAU (suite)


 L'OBJET INSOLITE


 ÉCRITURE, LE BOITIER DE CASSETTE


 ÉCRITURE,LE GRAPHISME


 ÉCRITURE, LA RÉDACTION



 ÉCRITURE DIVERSE


 INSTALLATION DES PIÈCES



SUR UNE STÈLE



 SUR UN CARTON

 
FORME CIRCULAIRE


 FORME RECTANGULAIRE


COULEUR BLEUE


COULEUR JAUNE
 

COULEUR ROUGE


 COULEUR VERTE



 BLEU BLANC ROUGE



MATIÈRE DÉCORATIVE



 MATIÈRE BOIS


MATIÈRE CARTON

 
 MATIÈRE MÉTALLIQUE




MATIÈRE MÉTALLIQUE (SUITE)


 MATIÈRE TRANSPARENTE


SUR LE SOL



OBJET USÉ OU RÉPARÉ



 COMPOSITION AVEC GAMELLE



THÈME, LA MARQUE
 THÈME, LE MONUMENT



 MISE EN SCÈNE


UN GROUPE A L’OPÉRA
 


7 RENCONTRES AVEC DIANA

 3 RENCONTRES AVEC BOBA

 
5 RENCONTRES AVEC CHRISTIAN



  3 RENCONTRES AVEC MANUELA



LA SÉBILE A LA MAIN

samedi 3 mai 2014

Les rencontres dans la ville en 2014

Vous pouvez me contacter sur fdebresson@manteslajolie.fr

Les points décrivent l'état d'esprit de l'échange   
● chaleureux   ●● neutre    ● froid

21 DÉCEMBRE



Diana, rue de Chateaudun
C'est la 3ème rencontre. Elle a toujours un bonnet comme sébile, cette fois ci bleu, et elle ne veut pas que je le photographie. Elle avait fait un dessin le 11 MARS 2014 (voir ci dessous). Cette fois ci je peux montrer tout mon travail sur une tablette. On regarde la quarantaine de planches. Elle a des réactions variées «  c'est beaucoup de rencontre », « est ce que ça a été publié dans un journal ? », « c'est parfois amusant et d'autres fois difficiles ». C'est la première fois qu'on reste aussi longtemps ensemble. Je crois comprendre que d'habitude elle se méfie des personnes comme moi, journaliste en général, qui transforme les rencontres. Je lui laisse l'adresse du blog sur un carnet. Elle est vraiment intéressée par la question du regard ●●●






Bettina, rue Babylone
Elle assis sur un pas de porte, main tendue. Elle comprend tout de suite que j'ai fait l'école des Beaux Art rue Malaquais car elle y était en 1981, atelier Poncelet. Elle se souvient des différents cours qu'on pouvait suivre. Les étoiles sur son panneaux sont un hommage aux différentes religions. Son fils l'a aidé à faire son panneau. Au début elle interpellait les passants avec la voix. Maintenant elle tient juste l'écriteau à la main car elle souhaite ne pas déranger. Elle dit qu'elle arrêtera d'aller dans la rue en 2015. C'est la première fois que je vois un écriteau avec un dessin ●●●




Léonard, métro La Chapelle
Il est assis au bas de l'escalier avec un écriteau. Il m'a fait un dessin le  9 FÉVRIER 2014  (voir ci dessous). Cela le fait rire de le revoir après tout ce temps sur un écran de tablette. On regarde les planches. Il réagit comme Adriana. Il doit repartir en Roumanie au mois de janvier car il n'y a pas de travail ici. Il me laisse ce dessin comme un autographe ●●●


Montrer les images sur un écran c’est vraiment intéressant. La relation est meilleure. L'image qui ressurgit après un certain temps même quand elle toute simple, ça fait quelque chose. C'est lié au fait que ça marque le temps passé et aussi qu'on voit l'image différemment quand elle est projeté sur un écran. Je fais exactement le même constat dans l'atelier des 4 matières que je dirige à, Mantes-la-Jolie. Comme avec un miroir ça fait réfléchir.

15 DÉCEMBRE


Une femme à Paris, 
métro Strasbourg Saint Denis
J'ai été attiré par le bijou qu'elle agitait dans sa main gauche comme un chapelet et aussi par l'aspect chamarré de sa tenue. Après avoir proposé un carnet coloré qu'elle a reçu avec plaisir j'ai pris cette photo. Quand je lui ai montré le résultat elle m'a longuement serré la main.9
C'est la première fois que je photographie des mains qui sont la sébile, c'est plus émouvant, voila pourquoi l'image est floue.



1 DÉCEMBRE
NAGY MIKLOS
Paris, rue La Fayette
Comme on ne parle pas la même langue, il m'écrit son nom sur une feuille (il y a un accents sur le O de son nom). L'échange est court, je laisse un carnet avec l'adresse du blog et des morceaux de crayons. Comme j'ai le dossier des "sébiles par thème" je peux lui montrer les images les plus comparables à la sienne. Cela l'amuse. 
Je remarque le dessin des lettres et les petits points sur les i. Le carton forme un triptyque.





Paris, bvd du temple
C'est la sébile d'un homme assis près d'une boulangerie. Il me dit un nom mais je n'arrive pas à le comprendre et je n'ai pas de quoi écrire. Par contre j'entends qu'il y ajoute le mot "de la planète".

C'est un objet d'enfance, couleur rose, avec une image plutôt heureuse.

23 NOVEMBRE

Paris, sur le pont Neuf
Il y a un couple assez âgés assis de part et d'autre du pont. C'est le mari qui utilise l'écriture.
Métal, couleur jaune, signes typographiques entre les lettres, petite cordelette au bas du carton, il y a beaucoup de signes distincts.



10 NOVEMBRE
RICHARD, Paris, ligne 2
Le matin c'est moi qui griffonne sur un carnet assis dans le métro. Un homme passe en demandant une pièce : Veste, foulard autours du cou, très souriant il a quelque chose du titi parisien. Dans ses propos j'entends cette phrase qui surgit sur la tour Eiffel qui est la plus belle. L'après midi, de retour sur la même ligne, je le vois passer à nouveau. Je lui tend mon carnet, il lit la phrase et s'illumine comme d'une découverte. Il dit que c'est très vrai. Il parle du passé de Paris, des premiers métros verts et rouges, et de la tour Eiffel qu'il a vu grandir.
Il y a une émotion différente dans les rencontres en plusieurs étapes, nourries du temps passé entre.

 24 OCTOBRE

Un Monsieur
A Tours
Assis près d'un distributeur il dit qu'il fait l’aumône. Je lui propose un crayon de couleur qu'il accepte avec joie. En échange je lui demande de pouvoir photographier son objet de métal.
C'est la première fois que je capture un objet sur une personne.
 
02 SEPTEMBRE
Un Monsieur agé
Dans la gare du RER Châtelet
Le bois est poli et il y a une médaille associée à la sébile.

23 JUILLET
SAVIN 
A Mantes-la-Jolie
C'est un objet circulaire, en paille, avec une couleur, vide.

MARDI 3 JUILLET

THEO LOGAL (c'est le nom qu'il souhaite laisser).
A Mantes-la-Jolie.
C'est un homme qui vient de Paris. Je l'ai remarqué quelques jours auparavant car avec sa tête hirsute et marquée, déplaçant des sacs avec lui, il détonne dans le milieu des quêteurs de cette ville. Aujourd'hui il est allongé au sol avec un air lointain mais souriant. Pourtant il engage tout de suite un monologue infini, cultivé et extrêmement chargé en personnes dates et évènements. Il me fait penser à un homme atteint d'autisme asperger, avec qui je travaille en atelier. Comme lui il a tant de chose en tête que les histoires s'échappent de partout. Il y est question beaucoup de croix mais aussi d'art, de Degas. C'est incroyable le contraste de ce corps et de ce langage. Devant la feuille il est comme tout le monde disant d'abord ne pas savoir dessiner. Longtemps il reste sans bouger quand soudain dans son récit il cite son père. Alors d'une main sure et rapide il trace ces lignes


LUNDI 16 JUIN













TOMA de la rue Monge.
C'est la couleur de sa sébile qui m'a fait venir le rencontrer. Comme il n'a pas de désir d'utiliser les crayons je lui demande la permission de la prendre en photo




Avenue Denfert Rochereaux, Paris.
Je l'ai rencontré une première fois le 15 mai sur le pas de sa tente. Il était resté longtemps indécis un crayon bleu à la main mais sans faire d'image. Ses yeux aussi sont bleu clair. Il est daltonien. Il parle beaucoup des couleurs. Celles de Gauguin qu'il trouve ternes, le noir que trop de gens utilise pour l'habillement. Il aime surtout ce qui est clair et lumineux comme l'aquarelle. Il y a un temps il avait une sorte de site avec des images d'animaux mais il a arrêté à cause des commentaires qui partaient dans tous les sens. 
Aujourd'hui on parle de Limoge ou il a passé le permis poids lourd. Il me demande des nouvelles de ma quête. Je raconte la sébile rose de Toma que je viens de photographier à défaut d'un dessin. Du coup il me parle de la sienne, une porcelaine anglaise qu'il a depuis un an. Je ne l'avais pas vu au milieu du campement. Il me donne son accord pour la publier.
           



UN AUTRE JOUR



FREEZB, GREG, MAXIME et PEDRO
Dans le train de Mantes-la-Jolie à Paris.
Comme je rentre mon vélo dans le wagon, je refuse l'aide d'un jeune homme trop empressé. C'est un groupe de 4 personnes et ma réaction déclenche des tensions. Nous nous installons à distance. Alors que le train roule je vais les revoir avec des feuilles et des crayons. J'explique que pour m'aider ce qui est possible c'est de m'adresser quelque chose avec ce matériel. Arrivé à Saint Lazare je retrouve le groupe. Ils me donnent les images qui ont été réalisée pendant la demi heure de voyage. 
Alors nous conversons avec grand plaisir sur les difficultés de Pedro, le centre d'art de Mantes que connaît Alexandre ,  la ville de Royan, le plaisir de l'image


MARDI 20 MAI

De la place de Clichy à Monceau.
Je fais trois rencontres sans images. La 1ère c'est une femme assise dans la rue qui quête à l'aide d'un objet entièrement recouvert de scotch. La discussion est âpre. Elle rejette toute idée de dessin ou de photographie parce que je ne donne pas d'argent. 
La 2ème c'est un homme assis au milieu de la plus grande installation de sacs et d'objets que j'ai rencontré. Cela entoure la moitié de la statue de la place Clichy. Il y en a sur 12 pas de long et 2 pas de profondeur. Mais il est endormi sur sa chaise.
La 3ème c'est un homme assis sur un matelas sous un auvent protecteur. J'ai juste le temps de me présenter qu'il me lance un cinglant : "vous êtes artiste, hé bien faites le vous même le dessin" en me congédiant de la main 


Je me dit que décidément il y a des jours moins heureux. Comme je poursuis la route surviennent ces deux rencontres :


20 mai 2014, av. de Wagram, Paris.
C'est un jeune homme très cordial. Il vient de Roumanie mais on échange en espagnol, donc je peux bien expliquer le projet de publication des images sur le net. Il est très partant. Il propose ce dessin. A l'occasion si on se revoit il en proposera un autre. 
Il y avait dans cette rencontre un vrai plaisir de communication
 

20 mai 2014, bvd de Courcelles, Paris.
Il est installé dans une cabine téléphonique. Il accepte rapidement la proposition. Comme une grosse averse se déclenche je me réfugie dans la cabine voisine de la sienne pendant qu'il dessine. Je découvre qu'elle est entièrement tapissée de dessin ! Il m'autorise à faire des photographies. Quand on se quitte j'écris l'adresse du blog sur un carnet que je lui laisse.
Il regarde longuement le nom du blog, quand il relève la tête il dit "c'est formidable de montrer ça, ça tue le silence" puis il ajoute "ça blinde contre le silence"


Lors de la première chronique sur les sébiles le devenir des photographies restait une inconnue pour leurs propriétaires.  
Cette fois ci les personnes sont informées de l'existence du blog, donc de la diffusion publique des dessins. Jusqu'ici c'est bien accueilli. Ce dernier témoignage indique que pour certain l'exposition des images à d'autres regards revêt une vrai signification.



15 MAI 2014

Tour Saint Jacques, Paris.
C'est un homme assis sur un banc qui regarde le boulevard. Il a un sac à dos à ses cotés, une casquette, des lunettes noires et une barbe. Il reste perplexe devant ma demande et commence par décliner. Comme j'insiste un peu il se lance dans ce dessin durant une dizaine de mn. Il me rend le carnet en me remerciant parce que "ça a été très agréable à faire". 
Je remarque le graphisme dans les arbres, la forme du toit, la couleur de la maison et le croisement des chemins bleus


Je parle avec un homme assis rue Saint Jacques. Il ne souhaite pas faire quelque chose. Il me dit qu'"il n'a pas assez humain pour cela". 
Je me dis qu'il a raison, qu'il faut une bonne dose d'humanité pour répondre aussi aimablement à une demande comme "S.V.P faites moi une image" formulé par un inconnu qui repart avec.  


MARDI 6 MAI 2014
         

STÉPHANE LEBOUCHER
Place Victor Hugo, Paris.
Il est assis avec des pièces sur un bout de carton. Après m'avoir écouté, il demande : "c'est pour quoi faire?"
Comme je n'arrive pas à dire les choses simplement je montre le blog sur mon téléphone.
Aussitôt il est d'accord. En faisant le dessin il me demande si je travaille pour la Mairie de Paris.
Je dis non. Je lui laisse l'adresse du blog. Il demande combien de temps cela va mettre pour être publié. Je dis "moins d'une semaine". Comme on se quitte il dit "c'est super".
La lumière est représentée par trois fois dont une sous forme écrite  ●



DJILALI
Place du Trocadéro à Paris
Il vend des images de Paris. Il est assis sur un banc avec des cartons à dessin à ses côtés, pour faire une pause. Il s'ensuit un quiproquo car il croit que je lui commande mon portrait.
2 fleurs, 2 "véhicules", 2 oiseaux et 1 personnage 




MITICA
Avenue Mozart, Paris
Il joue de l'accordéon. Je tiens le carnet pendant qu'il dessine d'une main. Cela l'amuse énormément.  
L'écriture est grande et enlevée



PETER
Avenue Mozart, Paris
Il a une canne pour unijambiste. On s'est déjà croisé, lui se souvient et moi je ne retrouve pas. Il dit un mot plusieurs fois. Comme je ne comprends pas il l'écrit.
Je me demande sa signification


LUNDI 29 AVRIL 2014

                                   
BEBERT
Rue Philippe Auguste, Paris.
Assis sur un banc, mâchant une viennoiserie,
il a, à ses côtés, un caddy rempli à ras.
Il ne voulait pas faire d’image mais écrire c’était possible.
Il s’est bien amusé, tellement qu’il a repassé les mots avec une autre couleur.
Il a hésité à mettre une signature caricaturale, et puis “non il ne faut pas faire n’importe quoi”.
Il m’a dit après, surpris, en fait c’est un “dessin de lettre”.
J’ai dit “on dirait des mathématiques avec les signes + et - et les barres”.
Il m’a dit “ah non alors, dites plutôt de l’algèbre”.  
Il n'est pas arrivé à écrire tous les mots à connotations négatives, comme "ennemi" sur lequel il a buté plusieurs fois

1 AVRIL 2014

                 
VALI 
Place Léon Blum, Paris.
Il est assis devant une supérette. Il a un très grand écriteau en carton qui évoque par écrit une liste de difficultés. A la première rencontre il me dit que ce n'est pas le moment, que c'est l'heure où il travaille le plus. Il propose que je revienne un matin. Je le revois une semaine après. Il dit qu'il ne va pas bien. Après avoir un peu hésité il prend un crayon noir. Puis il utilise des crayons de couleurs. Finalement il est très absorbé, et je l'entends chanter doucement. La séquence dure 20mn pendant laquelle des personnes continuent de donner de l'argent. A la fin il me tend l'image avec une évidente satisfaction et me demande un avis. Je dis qu'elle m'évoque le monde de la musique. Il est d'accord et me demande ce que je vais en faire. J'explique que je vais la diffuser. 
Il y a parfois des musiques intérieures qui changent notre expression quand on s'y connecte



                            
DIMITRI
Avenue de l'Opéra, Paris.
Plutôt taciturne, il est assis avec un écriteau en carton. On parle en anglais. Il était professeur d'histoire dans un autre pays. Il a aussi fait de la peinture à l'huile à une autre époque. Il dessine rapidement sans changer d'humeur, comme si c'était une forme déjà répétée.
Au delà du sujet il y a un axe de symétrie comme si le papier avait été plié au milieu. A cet endroit il y a des coutures
   
 

ALIN
Boulevard des Capucines, Paris.
Assis avec juste un gobelet, il est trop gêné pour refuser mais vraiment il dit ne pas savoir dessiner. De celui ci il dit juste qu'il a fait comme on apprend à l'école.  
Souvent dans mes ateliers à Mantes-la-Jolie les personnes disent ne pas pouvoir dessiner parce qu'elles pensent qu'il faut d'abord être enseigné pour le faire


                 
CHRISTIAN'
Place de la Madeleine, Paris.
Assis avec une tenue de treillis il parle anglais. C'est très sympathiquement qu'il décline absolument de faire quoi que ce soit comme dessin ou écriture. Je photographie le bleu de sa sébile, il s'exclame avec un grand sourire "yes that's it !"
Il y a toujours une image,toujours 




                        
CALIN PETRE 
Rue de Presbourg, Paris.
Il est assis sur une valise, familier des lieux. Devant lui il a un bonnet et un petit écriteau. On parle italien. Il hésite longtemps avant d'accepter. Il n'est pas satisfait du résultat. Il ajoute son nom en m'expliquant que cela lui rappelle les dessins qu'il faisait enfant. Comme on se quitte il me demande de revenir le voir car une autre image lui vient.
Les formes fractales des branches, les dents du soleil, l'espace de la feuille occupé jusque sur les bords, tout cela signe


26 MARS 2014

INEZ de BRESSON da ROCHA
Paris, image adressée.


18 MARS 2014

MIHAI
Avenue Mozart, Paris.
C'est un monsieur assis avec juste un gobelet.  Il me fait comprendre plusieurs fois que cela n'a pas de sens car il ne sait pas du tout dessiner. Il fait quand même ce personnage et me le tend en levant les yeux au ciel. Comme j'essaye de retenir son nom il reprend le papier pour l'écrire. D'un coup il se met debout et devient très chaleureux.
Je tiens cette phrase d'Amin Maalouf : "L'écriture est un univers situé au carrefour de l'image et du son". Ce nom dessiné devient entendu, voila la différence


11 MARS 2014

                                   HEIKO
Avenue de Chateaudun, Paris
Il est assis contre un immeuble avec une sébile très rouge qui m'a attiré. Il reste pensif un moment devant les crayons, sans rien dire. Je ne sais pas ce que signifie ce temps de réflexion. Je reste assis à ses côtés. Puis il fait cette image, toujours sans parler. Comme il me rend le matériel il dit :
"C'est le jour où mon chien Branku est mort. Ça s'est passé dans un parc, en Allemagne, par une belle après midi" 
C'est la première fois que je  suis confronté à une telle gravité du sujet croisé avec la douceur de la forme



DIANA
Avenue de Chateaudun, Paris. 
J'avais croisé cette femme, adossée à un mur avec un simple bonnet sur le sol, une année auparavant. Elle avait alors gentiment et fermement refusé que je prenne sa sébile en photo. Cette fois ci elle accepte de justesse la proposition de dessiner. Elle est très critique de ce qu'elle me rend. En fait ce qui l'a pris au dépourvu c'est qu'elle se souvient très bien de ma demande précédente.  D'habitude elle oublie tous les visages qu'elle voit dans la rue
La forme de sa fleur me fait penser à un objectif d'appareil photo, j'aimerais voir ce qu'elle ferait comme photographe


3 MARS 2014

CHRISTIAN
Tour Saint Jacques, Paris. 
C'est un jeune homme que j'ai rencontré plusieurs fois lors des chroniques de la sébile. Il a toujours des livres qu'il utilise comme réceptacles à pièce. Il accède donc à ma demande facilement et prend du temps pour dessiner.
Il y a cette écriture à moitié tracée





28 FÉVRIER 2014

BASIL
Boulevard de Sébastopol, Paris.
Un jeune homme rencontré pour la première fois. Je commence par sa sébile.
Cette fluorescence de la couleur me suffit

  9 FÉVRIER 2014 

 
LEONARDO
Métro La Chapelle.
Comme il est de face au bas d'un escalier on le voit qui nous regarde quand on descend. Il est assis, une capuche relevée sur la tête et une grande barbe, de loin tout cela fait sombre. 
Il a un carton pour demander de l'argent.  On parle en espagnol.  Il est très hésitant sur le fait de dessiner et préfère utiliser le crayon pour écrire. Il me dira aussi que son vrai travail c'est camionneur. Je l'ai revu en mai, il m'a dit qu'il partait travailler en Allemagne et qu'on se voyait pour la dernière fois.
Le sourire sur le visage c'est ce qu'on voit quand on est très près de lui  

9 JANVIER 2014

JACQUES
Métro Saint Lazare, Paris.
Il est plus que loquace. Il a composé un panneau avec des mots collés "BONNE JOURNÉE" sur fond bleu, "La chance se présentera à vous" sur fond blanc et "MERCI" sur fond rouge. Il y a également une photo tirée d'une publicité pour les tickets restaurants. Le tout est encadré par un scotch argent. Dessus il y a un bol noir pour mettre les pièces et à côté sa carte d'invalidité. Il parle surtout pour évoquer ses difficultés, ses maladies. Il dit qu'il préfère être là que seul dans sa chambre. 
Cette figure dessinée représente deux figures qui s'embrassent donc qui se taisent



             
ALEXANDRU, 
7 décembre 2013, Mantes-la-Jolie.
C'est la première fois que quelqu'un reste plus d'un quart d'heure sur l'image.  Il a un plaisir manifeste de  caresser le papier très doucement avec le crayon. C'est avec un grand sourire qu'il me rend cette image
 

                                 
 LIVIO, 
17 décembre 2013, rue Ordener, Paris.
Bien assis dans la rue, il accepte ma proposition. L’attitude était très appliquée, tranquille. Au bout de 10 mn il me tend le résultat sans faire de commentaire  
Voila une image au carrefour de l'abstrait et du figuratif


                               
 ANGEL
19 décembre 2013, métro La Chapelle, Paris
C'est un homme sans bras qui parle une autre langue. Il y a deux ans il s'était opposé absolument à ce que je fasse cette photo en mettant sa jambe en travers. Peut-être mon approche a évolué, maintenant il est d'accord. 
Quand les crayons sont inutiles, les yeux prennent le relai



ALEX
12 décembre 2003, rue Parmentier, Paris.
Assis au pied d'un arbre, il est contrarié parce que je n'ai pas d'argent à donner. Il réalise cette forme en une seconde.
C'est étonnant le pouvoir de cette ligne sur mon imaginaire


MARIAN, 
11 décembre 2013, rue de Rivoli, Paris.
C’est un homme qui fait la manche assis avec, comme sébile, un pot tout rond de fabrication artisanale. Il s’amuse en dessinant et demande mon avis à la fin.
L’absence de maitrise de la perspective produit une autre forme : La maison est comme enveloppée, la marche d’entrée aussi




GINA
10 décembre 2013, rue Théophile Gautier, Paris
Elle est assise dans la rue. La sébile fait penser au fleuriste à côté duquel elle se situe  
C'est un autographe





EXPERST
19 décembre 2013, station gare d’Austerlitz, Paris.
Elle est entièrement dissimulée par la couverture. Comme on ne voit pas son visage je fais une photo de cette silhouette et je lui montre.
Elle dit, étonnée : “c’est moi ça?”.
Sur la feuille que je lui passe elle dessine rapidement de la main gauche, sans hésitation, cette forme bleue.
Tout en crayonnant elle dit que les artistes sont toujours fauchés et me demande pourquoi.
Je publie sa photo et son dessin à cause de l'étrange effet miroir





Un homme,
4 décembre 2013, rue de Maubeuge, Paris
C'est un homme installé avec des objets fabriqués en morceaux de canettes.
Il acquiesce à ma demande de dessiner quelque chose sans rien dire ni demander.
C'est la première fois que j'aborde seul une personne en demandant d'emblée de faire une image. Je suis si étonné de cette acceptation spontanée que j'en oublie de lui demander un nom







TI BOB
Dimanche 1er décembre 2013, métro ligne 12, Paris.
Ce matin tôt nous sommes peu dans le wagon. Il y a un homme très grand qui boxe les portes et les sièges.
Il crie aussi des menaces avec un regard inquiétant. Finalement il stoppe devant moi qui suis assis.
Avant qu’il ne me parle, je sors de ma poche deux crayons et lui tend, un jaune et un bleu.
Il se stupéfie sur place, les prend et je vois qu’il réfléchit.
Je vois aussi que dans sa main les crayons, taillés du matin, sont assez pointus.
Finalement il me dit “qu’est ce que vous voulez que j’en fasse?”.
C’est pour dessiner”.
Il répond “ dessiner quoi?” et il enchaîne “ah oui le soleil et la lune”.
Je lui passe une feuille. Il s’assoit direct à mes côtés et dessine sans rien dire durant 4 stations.
Il me rend tout le matériel en guettant mon avis. Il le montre également à une femme montée entre temps qui lui sourit en retour.
On parle de tout cela, la colère comme source de création et l’image comme véhicule de communication, mon travail de direction du centre municipal de la création visuelle pour la ville de Mantes-la-Jolie.
Je conserve son dessin et lui laisse une autre feuille pour la suite du voyage.
Cette fois ci c'est une silhouette humaine, et il ajoute des cheveux féminin : “haha c’est E.T. !”
Il s’excuse pour son entrée en matière “c’est à cause d’une nuit à boire sans dormir”.
Le métro arrive à ma destination.
Je me lève pour partir, il demande si je peux l’embaucher dans mon centre, je dis : “non”.
Il rigole et dit qu’il va dessiner mon portrait.
On est à la station Concorde 
Voila un autre usage : Quand faire de l'image participe de cet adoucissement de la vie



DELIA PERRINI
13 novembre 2013, Mantes-la-Jolie
J'ai rencontré Délia lors d'une soirée théâtre sur le thème de l'exclusion ou les photographies des sébiles étaient exposées. Elle m'a raconté avoir connu la vie dans la rue. Plus tard elle m'a adressé cette image par mail


NICHOLASSS
14 octobre 2013, angle bvd Magenta rue Saint Vincent de Paul (coté gare), Paris.
Il est assis à l’angle des deux rues à même le sol. Il dit son nom en insistant sur les s.
Il vient de l’est mais on décide de parler en espagnol.
Il a une sébile pour demander de l'argent, un simple gobelet de plastique.
De tout près je remarque qu’elle est posée au centre d’un cercle gravé sur le sol.
Comme je l’interroge il m’indique alors une épingle à cheveux posée sur le petit muret du magasin où il s’adosse.
Pour accompagner le temps il l’utilise et grave des cercles à même le trottoir, cela fait un son comme un tourne disque.
Quand faire de l'image permet de résister à l'écrasement du temps





DENIS,
Avril 2011 et 2013, kiosque à journaux de Ménilmontant, Paris.
Il y a 3 ans avec deux artistes nous avions collecté une première série d'images auprès de commerçants vers Ménilmontant. Ce dessin nous avait tellement frappé par sa qualité plastique qu'on l'avait rendu à son auteur. Trois ans plus tard j'ai revu Denis, toujours en poste au même endroit. Nous avons échangé longuement. C'est un métier où le corps est environné d'images et d'écritures. Particulièrement sur son kiosque il y a des cartes, des messages, des photographies, toutes déposées par des clients et posées en strate tout autour de la "guérite". La  création est très présente : la musique, la guitare, l'écriture japonaise, la Grèce, les collages de photographies, les cahiers de foot et puis un nouveau petit dessin qui représente une maison visage dont la fumée s'échappe amplement par la cheminée.
Plus tard j'ai pensé à un poète dans la ville