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mercredi 14 janvier 2015

Les rencontres dans la ville en 2015

Vous pouvez me contacter sur fdebresson@manteslajolie.fr
Les points  décrivent l'état d'esprit de l'échange  :
● chaleureux   ●● neutre    ● froid
Plus vous plongez dans le blog plus vous remontez le temps

MERCREDI 23 DECEMBRE 2015
Un homme, Paris Sèvres-Babylone 1ère rencontre
D'abord il ne veut pas que je photographie sa planche puis il change d'avis après avoir vu les autres prises de vue. Mais il veut que je fasse vite.

MARDI 1er DECEMBRE 2015



CHRISTINA, Paris, bvd Magenta, 1ère rencontre
Elle est assise à côté d'une épicerie. Je remarque la couleur de loin. Nous ne parlons pas la même langue mais en montrant mon travail elle comprends et accède à ma proposition de publier la photographie de sa sébile.



DIMITRI, Paris, rue Eugène Sue, 2ème rencontre
Il est installé à la même place depuis des années, face à une boulangerie. Entre les 2 prises de vue l'installation est resté pratiquement la même, un panier presque identique posé sur une surface rectangulaire qui l'isole du sol. Comme on se quitte il exige de l'argent.




















Première prise le 9 mai 2013











JEUDI 26 NOVEMBRE 2015
ANNE-MARIE, Paris, place Pigalle, 1ère rencontre
Je suis attiré par la taille de l'installation. La sébile est également grande et son aspect sombre renforce sa présence. Anne-Marie est une femme que je vois pour la première fois sur cette place ou je passe souvent. Quand elle regarde la photographie, ce qui la frappe le plus c'est de s'apercevoir que le carton est abimé et que ça nuit à la lecture du texte.



MERCREDI 25 NOVEMBRE 2015
PATRICK, Rennes, 1ère rencontre
Il est assis dos au mur et m'accueille très gentiment. Il m'explique le choix du rectangle blanc et de la disposition des pièces : ça permet de renforcer la visibilité de l'argent et de faire du lest pour éviter l'envol du dispositif.  
Il me demande de voir les photographies prisent à Paris et, comme je lui montre une installation similaire prise dans le RER en 2012, il m'interroge pour savoir si la mendicité est tolérée. Pour sa part il a reçu près de la gare, une amende d'environ 70 euros lors d'un contrôle de police. Mais quelques jours plus tard la policière est revenue le voir pour s'excuser, lui offrir un café et s'est employée par la suite à faire retirer la contravention. 
En partant j'ai entendu que Patrick avait d'autres choses à  dire. Je me demande comment faire avec les récits de vie qui surgissent lorsque les rencontres sont si amicales.

MARDI 17 OCTOBRE 2015


MOMOParis, rue Saint Lazare, 1ère rencontre

C'est la deuxième fois que je rencontre une personne qui est comme moi ancienne de l’École des Beaux-Arts de Paris. Momo est une femme un peu âgée, originaire de Munich. J'entends bien l'accent allemand. Elle parle en français, très rapidement, et je ne comprends pas tout. D'habitude elle s'installe à Montmartre car elle voudrait faire du portrait, mais les places attitrées sont bien trop chères. Je lui dis qu'en remarquant son installation de loin, j'étais sûr de trouver une sensibilité à l'image. Elle sort de son sac une peinture collage qui me fait penser à une icône
Je lui propose mes crayons de couleurs mais elle les refuse car ils sont trop chers pour être donnés !



LUNDI  19 OCTOBRE 2015



JAMES, Paris, rue Marx Dormoy, 1ère rencontre

Il est assis depuis cet été sous l'abri d'un auvent de grand magasin. Je l'avais remarqué d'abord parce qu'il a le sommet des cheveux teinté en rouge. Comme la sébile ne racontait rien je n'étais pas entré en contact. Aujourd'hui je l'ai vu en train de dessiner ! C'est extrêmement rare. Je me présente mais comme il parle en allemand nos échanges sont difficiles. Il venait de commencer son image et m'invite à revenir la voir une fois terminée, selon lui une heure plus tard. Quand je le retrouve il me présente l'image. Avant de me laisser la photographier il la retouche plusieurs fois pour améliorer la visibilité de l'écriture. Il y a une histoire qu'il me raconte. Pour finir il veut que je garde l'image. Donc je laisse une pièce en échange. Il me propose de repasser un autre jour pour en voir d'autres.


MARDI 29 SEPTEMBRE 2015

AVEC DIANA 1986 Paris, rue Saint Lazare, 8ème rencontre
Je retrouve Diana au même endroit depuis deux ans. Cette fois ci on parle d'arts et de la possibilité qui en résulte de pouvoir transmettre une émotion par l'intermédiaire d'une matière. Elle me montre alors les ampoules qu'elle a aux mains parce que cet été elle s'est occupée de son jardin. Je fais soudain le lien avec la seule image qu'elle a bien voulu me laisser depuis qu'on se connait, cette fleur dessinée le 11 mars 2014. Je lui demande si le jardinage pourrait être "sa" matière. Elle acquiesce vivement. Je sais qu'il existe à proximité un jardin tenu par Emmaüs Solidarité  au square Saint Laurent, 68 bvd Magenta  - voir photo. Elle dit être intéressée. Je la quitte en la prévenant que je vais explorer cette piste. Un peu plus tard je rencontre l'animateur du jardin, Johan Legrand-Murat. Il m'apprend qu'il est effectivement possible de proposer à Diana de participer au jardin. Il y a également présent Stephan qui effectue des maraudes dans la ville et qui comprends de qui il s'agit. 
On convient d'en reparler à Diana chacun de son côté.
A suivre...
Le jardin est sur :
https://www.facebook.com/jardinsaintlaurent 


DIMANCHE 27 SEPTEMBRE 2015


Un homme, rue de Rivoli à Paris, 1ère rencontre
L'homme dort, je laisse une pièce. Je repasse plus tard, l'installation est toujours en place mais je ne vois pas son auteur. D'habitude je ne prends pas de photographie quand je ne peux pas échanger mais ce dispositif est très riche : cassette vidéo pour protéger le texte, écriture personnelle, objet très singulier.


LUNDI 29 JUIN 2015


BUBA, 58 - 52 rue de la Pompe à Paris, 4ème rencontre
Buba n'a pas l'usage de la parole mais elle me fait savoir par signe qu'elle se souvient des passages précédents. 
La sébile est un gobelet en  plastique qui s'entoure de scotch avec le temps. Il y a une année de distance entre chaque rencontre. On dirait un film d'animation très lent. Je suis impressionné par la constance.




LUNDI 15 JUIN 2015
Un jeune homme, 91 rue d'Avron
C'est une belle laque rouge.

MARDI 2 JUIN,

VICTORIA, rue du faubourg Montmartre
Elle est un peu âgée et toujours très souriante. Elle me reconnaît dès que je me présente. C'est la première fois que je retrouve la même sébile avec deux ans de distance.
Victoria m'a demandé un tirage avec les deux images assemblées en côte à côte. 






FREDERIC, boulevard Saint Germain ●●
J'ai acheté un proverbe. Frédéric est arrivé de Picardie il y 6 jours. Il vend des poèmes ou des proverbes réalisés à la demande à partir de deux mots laissés. Je lui ai dit que j'étais démuni pour juger de la qualité de son écriture mais que je transmettais à mon ami Philippe qui s'occupe d'un grand centre de poésie à la Guillotine, à Montreuil.

 Mon carnet de dessin sur lequel Frédéric a écris son proverbe, à gauche



DIMANCHE 17 MAI 2015,
CÉDRIC, cité Bergère à Paris
Il est assis au dehors, en face du café le Limonaire. Il crie souvent très fort et n'a pas de sébile. L'équipe du café le connaît bien. J'avais réalisé une tablette peinte à partir de propos entendus dans le café pendant le temps du travail. 

Comme j'étais attablé à dessiner, la voix de Cédric est rentrée dans la salle. J'ai donc mis son nom à l'intérieur de la tablette. Lorsque je la montre à Cédric, il pleure. L'objet lui parle beaucoup. On parle d'art et de galerie car c'est un ancien photograveur et il a des relations étonnantes dans ce milieu. Il me fait un dessin. C'est très expressif, comme lui.



JEUDI 7 MAI 2015,
AVEC DIANA 1986 Paris, rue Saint Lazare, 7ème rencontre.
On est resté assis en côte à côte pendant une heure à échanger. C'est le carrefour de la Trinité, il y a beaucoup de passage et c'est très bruyant. Du sol on voit surtout des jambes et parfois un visage quand quelqu'un laisse une pièce. Une femme a laissé tomber un dossier mais Diana a été plus rapide que moi pour se relever et lui courir après.
Une femme laisse un sac avec des provisions mais elles sont périmées de deux jours. Diana fait très attention à ce qu'elle reçoit car la maladie est difficile à gérer dans sa situation.
Elle me raconte alors une histoire terrible qui viendrait d'arriver : des jeunes se faisant passer pour des travailleurs sociaux auraient distribué des cafés au SDF autours de la gare Saint Lazare avec des diurétiques dedans !!!

 Il y a un an Diana avait fait cette image :
On a discuté sur le principe que, dans le cas où la personne me transmet effectivement un dessin, il était peut-être bien que je laisse un peu d'argent pour ne pas la placer dans la position du don. Car la philosophie de ce blog c'est justement de trouver une façon autre de communiquer. Une façon qui relèverait de l'échange en utilisant la médiation de la matière et des couleurs.
Donc pour la première fois j'ai payé deux euros pour une image


Mercredi 8 avril 2015
Planche récapitulative des photos prisent lors des 3 dernières rencontres.

SIMON 1968 Paris, rue Tronchet, 2ème et 3ème rencontre.
On a reparlé de Napoléon, je lui ai fait part des commentaires que les lecteurs de ce blog m'ont envoyé à propos de sa question (voir plus bas). Il est déçu, il voulait une histoire ou Napoléon serait comme lui, aurait connu la même vie. Je dis que je veux bien chercher mais je crois que c'est lui qui aimerait être Napoléon. Hum.
Coté installation, ce jour il a un rendez-vous et laisse sa place juste couverte d'un drap. Il m'ordonne de garder le site ! J'explique qu'il n'en est pas question.
Je lui parle d'un vieil homme à quelque pas qui vante ses 82 ans sur son écriteau mais qui refuse que je prenne une photo. Il le connaît bien et s'amuse de l'histoire ●●
Commentaires : Il y a toujours la même rigueur de construction qui me fait penser à la peinture classique.  


30 MARS 2015
FLORIN ET SARAH Paris, bvd de Belleville●●
C'est un jeune couple à quelque numéro de distance. Lui, carton à dessin et écriture, elle, couleur bleue.


17 MARS 2015
AVEC DIANA 1986 Paris, rue Saint Lazare, 6ème rencontre.
C'est un dessin d'écritures que je fais assis au côté de Diana. Elle demande l’aumône depuis plusieurs années toujours au même endroit mais ne veux pas que je prenne la sébile en photo.

Diana n'aime pas laisser d'images ni même en faire, mais elle veut bien laisser des mots sous cette forme. On a déjà pris rendez pour une suite au mois de mai. ● 


DAN Paris, rue Saint Lazare, 1ère rencontre
C'est la première fois que je vois un dessin à côté de l'écriture, la maison visage avec sa cheminée. Il y a des points ou des tirets entre les lettres et les mots. 




MARIE Paris, près de la Gare Saint Lazare, 1ère rencontre
Elle ne dira jamais son prénom dans la rue. Elle est d'accord que je lui prête un surnom. J'ai choisi Marie car elle dit qu'on est dans son mois. Elle est dans la rue depuis très longtemps. Comme je laisse un crayon de couleurs une idée lui vient dont elle me parlera peut être à la prochaine rencontre.
Marie aime les secrets. 


28 FÉVRIER 2015 



de THIERRY 70 dans le train●●
Je suis seul de retour du travail dans le dernier wagon désert d'un train long. Un homme m'aborde en faisant l’aumône main tendue, il a l'air très sombre sous son chapeau. Hum je n'ai pas d'issue. Cette situation est une première me concernant dans un train. Je propose des crayons de couleurs à la place et comme c'est accepté je sors un grand carnet et demande une image. Thierry s’assoit pour dessiner, ce faisant il se cogne à la tablette et se fait mal au genou. A la fin il me demande si je suis content. Je dis que je suis bien plus content que si j'avais seulement du donner ou refuser de l'argent. En partant il demande comment je m'appelle. Je lui dis et pour les commentaires je lui laisse l'adresse de ce blog : 
COMMENTAIRE OBJECTIF : C'est un dessin monochrome, noir. Il y a trois formes bien distinctes. Elles sont faites avec des lignes griffonnées, circulantes, zigzagantes, en dent de scie, en étoiles, en escaliers, en cercles, en spirales. Il y a deux points noirs à l'intérieur de plusieurs lignes circulaires. Il y a un petit rectangle à gauche. Il y a des angles très pointus.
La forme de droite et de gauche sont assez semblables. Celle du haut très différentes.
(Le nom et le chiffre en bas ont été ajoutés par moi après).
 SUBJECTIF : Je trouve l’image sonore, stridente. Le petit rectangle me fait penser au piston d'un instrument, le point dans le cercle à l'ouverture d'une oreille, l'ensemble dégage une impression de quelque chose comme une vibration qui serait cassée.  La forme du haut pourrait être une signature, je la trouve ressemblante à une aile d'oiseau qui serait coupée d'un trait.
Il y a aussi un sentiment d'envol maintenu par des poids, des roues. 
La douleur au genou est peut-être le sujet.



26 FÉVRIER 2015

dessin d'OCÉANE, dans le train.
C'est un retour du travail, le train est court, le wagon plein, j'ai sommeil. De la plateforme s'élève une voix d'enfant d'une sonorité impressionnante, théâtrale. C'est celle d'une petite fille qui annonce à son père qu'elle a plein d'idée pour faire toute une série de jeux vocaux possible. Le regard du père me fait comprendre qu'il est conscient du volume et à la recherche de solution. Je propose un carnet et des crayons, en fait deux carnet car il y a un petit frère qui dit "ben et moi?". Je retourne m'assoupir. Le voyage est tout calme. A l'arrivée la petite fille est à mes côtés et demande s'il faut rendre le matériel. Je dis non mais que je veux bien voir l'image réalisée. Elle me l'apporte avec un grand sourire. Elle a une superbe coiffe de type arlequin qui couvre sa tête et ses oreilles.



25 FEVRIER 2015 

Bruno dans la rue de la Rochefoucauld. Il est moyennement content que je ne donne pas d'argent mais il accepte de prendre un carnet et de m'indiquer où se trouve le musée Gustave Moreau.

25 FEVRIER 2015 



DIANA 1986 Paris, rue Saint Lazare, 5ème rencontre
C'est la première fois que je prends le temps de rester et de dessiner en côte à côte. Comme elle dit que c'est une journée difficile pour parler on se donne rendez-vous un autre jour pour la suite des images.




23 FEVRIER 2015




ANGE Paris, métro La Chapelle, 3ème rencontre
C'est cet homme sans bras que je croise depuis trois ans. On se reconnaît. Sa sébile a totalement changé depuis décembre dernier. La prochaine fois il faut que je m’asseye.



 










Depuis deux ans il utilisait cette sébile.



16 FEVRIER 2015

19h, un carnet donné à un homme qui travaille dans un café à coté de BEAUBOURG : il siffle en travaillant et me dit que "ça donne du cœur à l'ouvrage". Je sortais de l'exposition d'un artiste américain renommé ou je trouvais qu'il y manquait justement ça, du cœur dans l'ouvrage.


09 FEVRIER 2015
Paris, place Jules Joffrin. L'homme est assis en haut des marches du métro. Il a un chien dans les bras. Je remarque que son animal est de la même couleur que sa sébile, blanc sous le ventre et roux sur le dos. Ça le fait rire ●●
C'est la première sébile bicolore que je rencontre en trois ans.

03 FEVRIER 2015

SIMON 1968 Paris, rue Tronchet, 1ère rencontre
On communique en espagnol. Il dit : "mon anniversaire est le 25 février!".
Il évoque Paris avec respect: "c'est plus qu'une ville c'est une capitale". On parle du polystyrène qui soutient l'ensemble.
Assis à côté j'ai sorti tout ce que ma sacoche transporte : crayons de couleur, tablette numérique pour montrer mon travail dans les villes, appareil photo, mon carnet pour montrer que je dessine, une grenouille, un smartphone pour montrer le site internet, le livre du c pour montrer que j'écris.
Simon s'amuse de ce déballage. Il comprend ce que je fais mais il dit aussi : " qu'est-ce que je gagne à te laisser faire et publier cette photo? Quel est mon intérêt puisque tu ne laisses pas d'argent."
Là je ne sais pas quoi répondre
En continuant l'échange il me raconte que plusieurs personnes lui ont dit qu'il y avait un lien entre Napoléon et la mendicité :
A t'il connu la mendicité ? A t'il codifié cet acte?...
Ce sujet l’intéresse vraiment car il est dans la rue depuis longtemps.
Je dis : "voila, vous m'autorisez à prendre la photographie de l'installation et je pose cette question sur le blog. Si des lecteurs me renseignent à ce sujet je reviens vous apporter la réponse."
Comme il n'a pas d'accès internet et qu'il est facile à trouver c'est un deal qui lui convient
C'est la plus longue négociation de toutes mes rencontres.
Il y a des mots, écritures et estampilles sur les objets.

Si vous avez des éléments de réponse à la question de Simon je suis preneur.

Éléments de réponse par Norbert, Corinne L, Corinne S, Jocelyne :  
Napoléon fut le premier homme politique occidental mais surtout chrétien à circonscrire et limiter la mendicité, par des lois très contestées à  l'époque.

Le 5 juillet 1808, Napoléon 1er signa le décret sur l'extinction de la mendicité en France, décret qui n'a jamais reçu qu'une application partielle.
Napoléon imposera des "dépôts de mendicité" pour chaque département français.
Sorte d'établissements de réclusion, les pauvres, en échange d'un toit et de nourriture, étaient obligés à divers travaux d'utilité publique.

Le 14 novembre 1807, Napoléon écrit à Crétet son ministre de l'Intérieur : 
Citation:
J'attache une grande importance et une grande idée de gloire à détruire la mendicité. Faites en sorte qu'au 15 décembre vous soyez prêt sur toutes les questions afin que je puisse par un décret général porter le dernier coup à la mendicité.

Le 1er septembre, il lui avait déjà écrit : 

Citation:
Les choses devraient être établies de manière qu'on pût dire : tout mendiant sera arrêté. Mais l'arrêter pour le mettre en prison serait barbare ou absurde. Il ne faut l'arrêter que pour lui apprendre à gagner sa vie par son travail. Il faut donc une ou plusieurs maisons ou ateliers de charité.

Vous pouvez lire sur le web les articles du code pénal de 1810 en cherchant à partir des mots :
§ II. – VAGABONDAGE.  ARTICLE 269.   Le vagabondage est un délit.
 
"Un mendiant est un anarchiste ontologique. Il n' entre pas dans les cases prévues par le droit. Ainsi, il réfute implicitement la toute -puissance du juriste. Napoléon se considérait comme l' empereur du monde, le décideur universel. Le mendiant vient lui rappeler que les cases créées manquent à inclure tout un chacun. Il symbolise l'échec de l'empereur. Fâché, vexé, il cherche à s'en débarrasser comme d'un insecte piqueur, comme d'un brin d'herbe sur les cases"

Fin des commentaires






DIANA 1986 Paris, rue Saint Lazare, 4ème rencontre
Comme on se connait bien je m’assois directement à ses côtés et je dessine l'échange. On évoque les restos du cœur ou elle se rend pour le suivi d'un dossier et pour avoir chaud. Comme je la retrouve toujours au même endroit je lui demande si c'est un choix. Elle dit non, c'est surtout que dans le secteur Saint Lazare les emplacements sont difficiles à trouver car la concurrence est rude et peu encline à se côtoyer
Elle refuse toujours toute présence de la photographie. Quand je lui propose de faire elle même des photographies de son point de vue original sur le carrefour elle s'emporte.  
On parle de mon travail dans les rues, des mots qui valent autant que des images et de ce dessin d'écoute que je réalise de notre discussion. Elle s'étonne qu'autant de personne acceptent de me laisser prendre des images. Je lui dis qu'elle me laisse bien des paroles.
Elle m'envoie vers une personne assise de l'autre côté du boulevard. Je m'y rends...


EMILIANO Paris, rue Saint Lazare, 1ère rencontre
Je demande l'autorisation de photographier l'écriture. L'homme acquiesce poliment de la tête avec un sourire gentil ●●
En repartant je passe dire au revoir à Diana. Elle est un peu bluffée car elle m'explique que cet homme ferait parti d'un groupe peu amène. Il se trouve que j'ai déjà rencontré les autres et je lui donne raison. Mais dans tous les groupes il y a celui qui est différent, grâce à elle je l'ai rencontré. Elle veut voir la photographie. Pour cela je lui donne rendez-vous sur le net, elle m'a dit qu'elle y accédait par les restos du cœur.

02 FEVRIER 2015

Ecriture, souhait, figure, animal, bulle, crayon noir
de JEROME et MONIKA 1979 Paris, av. Victoria, 1ère rencontre
Ils sont installés comme un campement à l'emplacement ou je rencontrais Christian. Ils se connaissent. On échange très vite facilement, en français avec Jérôme qui traduit pour Monika qui vient d'Allemagne. Jérôme accepte de faire une image comme ça vient. On regarde toutes les planches des sébiles rangés par thèmes. Au début leur sébile c'est juste la boite de biscuits posés sur le sol.  Monika délaisse les crayons mais elle saisit une boite verte qu'un passant venait de leur donner et en deux secondes fait une installation pour que je la photographie. A la fin Jérôme m'indique une autre personne sur la rue de Rivoli qui a une sébile qu'il trouve intéressante.









LES PHOTOS D'ALAIN, Marx Dormoy, Une belle rencontre venue d'un tintouin.
Sur la ligne 12 un homme passe dans le wagon en quémandant. Je propose un carnet à redessiner et deux crayons de couleurs. 
Il me demande : "A quoi ça sert?" 
Je réponds : "C'est faire ou pour voir des images"
Il dit : "Quoi des images! non mais ho .. des images ! non mais excusez-moi mais heu .. non mais vraiment.. excusez-moi..mais vraiment hein " et il sort du wagon.
Arrivé à destination un jeune homme m'accoste, il a vu la scène et me questionne sur ma profession. Il est graphiste. Comme je lui montre le travail que je fais dans les rues il m'explique qu'il a également pris quelques photographies du même sujet avec un angle similaire il y a quelques années. C'est la planche que je publie.
Cela fait beaucoup de connexion pour un illustrateur de la connectique, à voir sur son site : alain-bousquet.com.


  27 JANVIER 2015


KARIM, Paris, rue du Poteau.
Il m'accoste un peu courbé, main tendue, et se lance dans un long discours qui se veut rassurant. Avant qu'il termine j'ai sorti des couleurs de ma poche. "Je ne veux pas vous prendre votre temps alors je préfère vous dire que je n'ai pas de métal à donner juste des couleurs". Il reste un peu muet, ne prends pas les crayons, relève les yeux et me fixe, très près, puis dit : "toi ta mère elle t'aime beaucoup". On s'est quitté en échangeant nos prénoms et des vœux pour 2015 
Il est vrai qu'hier ma mère de 92 ans, dans un effort de sa mémoire qui s'en va, m'avait dit avant de s'endormir "je t'aime par-dessus tout". Mais c'était la première fois que j'entendais ce mot en 52 ans.

23 JANVIER 2015

d'après SIHEB, train vers Mantes-la-Jolie, dernier wagon*.
C'est une jeune personne qui ouvre la fenêtre alors qu'il fait grand froid. Je fais savoir que ce geste m'indispose. Il referme la fenêtre et comme je crayonne sur mon carnet il me questionne à ce sujet. Je lui demande s'il dessine parfois. Il me montre un dessin fait en classe - comme je ne l'ai pas photographié je l'ai refait de mémoire pour ce blog - Il me parle d'un paysage, moi je dis que je vois des lignes qui me font penser à un électrocardiogramme. Comme je le sens intéressé par le sujet et que le train arrive à destination je lui laisse un carnet avec l’adresse du blog pour poursuivre l'échange.
*Quand on est bien équipé le dernier wagon c'est vraiment un lieu riche en rencontres originales .

19 JANVIER 2015
Métro La Chapelle. Aujourd'hui je croise à nouveau* Richard  qui demande de l'argent en déambulant sur la ligne deux. Il accepte de prendre un carnet et des crayons. Il dit "je ne sais pas dessiner". Je réponds que quand "on ne sait pas" on peut tout se permettre. Il dit "d'accord je vais faire la tour Eiffel, si on se retrouve je vous montre le résultat". La voisine sur le siège d'en face s'est bien amusée 
*la première rencontre est publiée à la date du 10 novembre 2014



18 JANVIER 2015
Christian, Paris Notre Dame
C'est la 5ème rencontre* dont une ou il m'avait fait un dessin. Mais aujourd'hui je n'ai pas mon carnet. On se reconnait bien. La sébile est différente, d'habitude il avait toujours un livre réceptacle. Il lit et m'explique en anglais que c'est un traité d'économie qui date d'avant l'euro. Il accepte de prendre des crayons de couleurs et un taille crayon ●●●

*Les récits des autres rencontres sont publiés aux dates des 13 mai et 12 novembre 2012, du 13 novembre 2013 et du 3 mars 2014.



16 JANVIER 2015



Théo Logal, Mantes-la-Jolie
On s'est déjà croisé en juillet dernier, il avait fait un grand dessin*. Je lui lis ce que j'avais alors écrit de notre rencontre. Il réagit au mot "autiste". Cette fois ci il est debout toujours très disert. Observant sa composition sur caddy, je lui dis que c'est une vraie création. Il dit qu'il est d'accord mais qu'on lui dit plus souvent des choses moins gentilles à propos de ses sacs. Comme on regarde les photographies que j'ai prise de cette création je lui demande si j'ai bien saisi l'essentiel. Il répond "l'essentiel est caché". Deux jours plus tard il est devant la Gare de Mantes-la-Jolie. Il a trois caddys à la queue leu leu, comme des wagons. Il y a des grandes formes en plastique gonflée, sombre. C'est très contemporain. Il parle dans un téléphone portable. 
*Le dessin de THEO est au paragraphe "mardi 3 juillet" du libellé B. les rencontres 2014●●●




12 JANVIER 2015

Caen, Jean-Marie, pas d'image
Je sors du train ce lundi matin pour aller donner un cours sur "images et territoire" à l'IUFR de Géographie de l'université. Sur le quai un homme me demande de l'argent. Je tends des crayons de couleurs et un carnet de récupération, il les prend et me dit "ça tombe bien aujourd'hui c'est mon anniversaire"●●

LA SUITE EST SUR LES AUTRES CHAPITRES